Paris : une famille de renards surprise au cœur du Père-Lachaise

Un couple et leurs quatre renardeaux ont été photographiés au cœur du cimetière parisien. Une première dans ce lieu même si d’autres avaient été aperçus ailleurs dans Paris.

 Une famille de renards a élu domicile au cimetière du Père-Lachaise à Paris. En tout, il y a quatre renardeaux qui se promènent en liberté.
Une famille de renards a élu domicile au cimetière du Père-Lachaise à Paris. En tout, il y a quatre renardeaux qui se promènent en liberté. DR/Benoît Gallot

    Ce n'est pas une fable de Jean de La Fontaine car dans cette histoire il n'est pas question de corbeau mais juste de renards, ou plutôt de renardeaux. Ces adorables boules de poils ont été photographiées en fin de semaine par le conservateur du cimetière du Père-Lachaise (XXe) en train de se balader dans les allées et entre les tombes de ce lieu déserté par les promeneurs depuis le début du confinement.

    Benoît Gallot, puisqu'il s'agit de lui, a immortalisé cette scène qui, relayée sur les réseaux sociaux par Pénélope Komitès — adjointe en charge des espaces verts, nature en ville, biodiversité, agriculture urbaine et affaires funéraires — n'a pas manqué de faire fondre les cœurs. D'ailleurs, l'élue parisienne l'avoue en rigolant « j'en aurais bien adopté un tellement ils sont mignons ». Mais cette boutade passée, car il s'agit d'animaux sauvages et considérés comme nuisibles, la madame écologie de la Ville est ravie par ces clichés qui confirment le retour de faune dans les cimetières parisiens.

    Une première… au Père-Lachaise

    « Depuis cinq ou six ans, nous avions déjà noté la présence de renards dans nos cimetières mais cela concernait surtout ceux en banlieue comme à Thiais, Bagneux, Pantin ou Ivry, note Pénélope Komitès. Là, au Père-Lachaise, c'est une première. D'ailleurs, la conservatrice adjointe, qui est là depuis 25 ans, n'en avait jamais vu ! »

    Un couple et leurs quatre renardeaux ont donc élu domicile dans le plus célèbre des cimetières de la capitale. Depuis le début du confinement, ils découvrent les 43 hectares sans se soucier des illustres pensionnaires comme Jim Morrison, Édith Piaf, Oscar Wilde, Marcel Proust, Yves Montand, Georges Moustaki, Frédéric Chopin et un certain… Jean de La Fontaine.

    Un lieu calme sans prédateurs

    « Ils ne sont pas dérangés et cela confirme également qu'ils sont désormais capables de parcourir de grandes distances notamment pour chasser et se nourrir. En effet, nous en avons répertorié dans le bois de Vincennes ou encore sur la Petite ceinture, explique l'adjointe d'Anne Hidalgo. Pour cette famille nouvellement installée, la situation est quasiment idyllique. Pas de voitures, pas de visites et pas de prédateurs. En effet, pendant de nombreuses années une chienne Malinois s'est promenée seule au Père-Lachaise. Il aura fallu plusieurs mois à une association pour parvenir à l'attraper en fin d'année dernière. Désormais seuls les rongeurs, les chats et les oiseaux occupent les lieux.

    « Depuis 2015, nous avons entièrement modifié la gestion des cimetières et des espaces verts en bannissant les produits phytosanitaires, en enherbement les allées, avec du paillage et aujourd'hui nous assistons à un retour de la biodiversité », détaille encore Pénélope Komitès. Des canards ont aussi été vus déambulant devant la comédie française ou encore place de la République ses derniers jours ou semaines. Rues moins peuplées et voitures presque absentes font le bonheur des animaux qui repartent à la conquête d'un Paris plus calme.

    Trouver une solution post déconfinement

    Mais quid de cette famille de renards après le 11 mai ? « Dès ce lundi, nous aurons une réunion avec l'agence d'écologie urbaine de la Ville de Paris pour savoir comment les protéger. On ne peut pas imaginer qu'ils se fassent écraser par une voiture. Il va falloir trouver une solution », conclut l'adjointe.

    En attendant, ces renardeaux qui n'ont pas encore de prénom, ont deux semaines pour profiter de cet espace pour le moins silencieux au cœur du XXe arrondissement avant d'être capturés et réorientés vers la Petite ceinture ou le bois de Vincennes, des lieux plus propices à leur sécurité sur le long terme.